Aménagement Du Territoire

Le territoire national constitue l’espace de vie de la nation marocaine, le support physique de son enracinement historique et le point d’ancrage de ses activités. Les citoyens y puisent les richesses naturelles qu’ils mettent en valeur par leur savoir-faire et leur génie, en vue de satisfaire leurs besoins et de garantir le bien-être et la prospérité à leur descendance. L’histoire des civilisations montre, au Maroc comme ailleurs, que très souvent le comportement spontané des populations porte préjudice aux ressources et hypothèque au même titre les intérêts des générations actuelles et futures. Aussi, a -t- on très tôt pris conscience du caractère urgent que revêt l’élaboration de politiques publiques pour encadrer la répartition des activités et des hommes dans l’espace, dans la perspective de réaliser les conditions d’un développement durable, respectueux des équilibres de l’environnement et de la cohésion sociale. Dans le contexte international actuel, marqué par la création de groupes économiques régionaux, la libéralisation élargie des échanges, l’exacerbation de la concurrence internationale, la rapidité de l’innovation technologique et la révolution soutenue de la communication, l’aménagement des territoires à l’échelle locale, régionale, nationale et des unions économiques se révèle le support de toutes les réponses possibles aux défis de la mondialisation. Aussi, chaque collectivité territoriale est désormais appelée à s’organiser et à inventer ses propres solutions pour faire face aux changements, et agir – aidée par l’Etat- en vue d’accroître la compétitivité de son territoire et de produire les conditions de son développement durable. Une telle orientation implique, non seulement la mise à contribution de l’ensemble du potentiel de développement de chaque collectivité, mais aussi l’intégration des opportunités qu’offre la mobilité des produits, des hommes, des capitaux et des savoirs inhérente à la mondialisation. Cependant, le renforcement de la compétitivité de chaque espace et l’efficience des actions de développement devraient aller de paire avec l’objectif du développement équitable. Celui-ci requiert la dynamisation des différentes formes de solidarités entre les territoires et à l’intérieur de ceux-ci, et la 6 coordination des efforts déployés à cet effet dans une vision aussi globale et prospective que répondant aux finalités de développement économique et humain durable. Et dans la mesure où l’aménagement du territoire s’inscrit dans la continuité historique de l’action humaine et de ses effets multiples sur les territoires, les choix le sous-tendant devraient découler d’une large concertation à même de refléter la volonté de maîtrise collective de l’avenir et de réunir les conditions de mobilisation que requiert leur mise en œuvre. Par ailleurs, en faisant le choix de s’ouvrir sur l’économie mondiale, le Maroc se doit de se préparer pour faire face à la concurrence internationale, à travers l’accroissement de l’efficience du tissu économique du pays et du savoirfaire de ses ressources humaines, la mise à niveau de l’appareil administratif et l’amélioration du niveau des équipements et infrastructures de base, ainsi que de la qualité du cadre urbain. Il s’agit là de défis déterminant pour l’avenir, et qu’il ne sera possible de relever que par l’observance du maximum de rationalité, de rigueur et d’esprit d’anticipation dans la gestion de l’espace national. Si ces défis interpellent l’ensemble des composantes de la nation, c’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité de définir sa politique dans le domaine de l’aménagement du territoire, pourvu que les orientations et choix adoptés en la matière découlent d'une large concertation et d’un débat franc et constructif entre tous les acteurs, autour des voies et moyens à suivre pour une gestion solidaire des défis de l’avenir. De là, découle le besoin pour notre pays d’une charte nationale de l’aménagement du territoire et du développement durable. Le propre de cette charte est d’être le fruit d’un débat national transparent, engagé depuis le 26 Janvier 2001 avec la haute bénédiction de Sa Majesté Le Roi, et auquel ont contribué, outre les différents ministères et services de l’Etat, les partis politiques, les centrales syndicales, les élus des deux chambres du parlement, les autorités territoriales, les Régions, les collectivités locales, les organisations de la société civile et une large sphère de chercheurs et d’universitaires. La base de conduite était que son contenu reflète les attentes, les visions et les propositions exprimées lors des différentes étapes du débat et autour desquelles a pu se réaliser un consensus, et qu’il prenne en considération les stratégies sectorielles ayant trait aux grandes questions d’aménagement du territoire dans notre pays. 7 Dans la mesure où l’aménagement du territoire traverse les différentes politiques sectorielles, la charte qui le fonde ne peut constituer un programme d’action. De même, l’administration en charge de ce projet n’entend pas se substituer aux autres départements ministériels et organismes publics dans la définition des choix sectoriels les concernant. Par contre, la charte nationale de l’aménagement du territoire et du développement durable constitue un cadre de référence permettant la mise en cohérence des différentes politiques sectorielles et l’accroissement de leurs synergies. En revanche, la démarche qui a présidé à son élaboration, fondée sur la concertation, confère à ce document la force d’un contrat collectif qui engage l’ensemble des composantes nationales à agir dans le cadre des principes, objectifs et orientations générales qui constituent les fondements de cette charte. C’est ainsi seulement que notre pays sera en mesure de relever les défis actuels et à venir de la mondialisation et de gagner le pari du développement territorial.